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« Je peux me relier aux autres et être moi »

« S’il faut mettre des mots sur ce que m’ont apporté trois ans de thérapie aux côtés de Charlotte, ceux qui me viennent sont : compréhension de soi, apaisement et croissance. Merci à Charlotte de m’avoir appris la patience et montré que je pouvais compter sur quelqu’un. Merci de m’avoir permis de découvrir que je suis Autiste.

Je suis allée consulter en septembre 2017. J’étais complètement déprimée, engloutie par l’angoisse et ne sachant par quel bout démêler les fils de mon mal-être. Mes cours, comme mon environnement familial, étaient stressants, mon couple était frustrant, ma confiance en moi, absente. Fataliste, j’étais convaincue que je ne pourrai échapper au destin qui avait anéanti mon père et perverti ma mère. 

Assez rapidement, accompagnée par la bienveillance et la chaleur de Charlotte, je réalisai les abus sexuels subis enfant, la toxicité de ma mère et de mon beau-père, la possibilité de poser mes limites, le droit de dire non. Comprenant que « me trouver » était quelque chose de central pour moi, j’interrogeai toutes les façons de le faire par le moyen de mes études. Mon séjour en Erasmus me permit de me réinventer, loin de tout et de tous. J’éprouvai pour la première fois un sentiment de liberté total. Les télé-consultations avec Charlotte m’aidèrent à comprendre aussi que mon insertion dans un groupe n’était pas facile, que mon profil Asperger + Haut potentiel pouvait provoquer incompréhensions et envie. J’étais épuisée par la fête et par un dilemme terrible.  Celui de devoir prendre des distances avec ma mère. J’étais dans une attente vaine, toujours déçue, qui me poussait sans cesse à repousser mes limites et m’oublier, en espérant recevoir un peu d’amour. 

Début 2019, je coupai les ponts avec ma mère, réalisai l’impact profond des viols que j’avais subi, je conscientisai la douleur d’avoir perdu mon père et mesurai l’impact laissé par l’absence et les attentes envers deux parents aimés. Je traversai une longue période d’idées noires, mangeant frénétiquement pour me remplir, constamment épuisée et à vif. A côté de cela, mes résultats académiques étaient très bons et j’avais grâce à cela quelque peu de fierté. Quand l’un de mes travaux fut publié par les presses universitaires de ma fac, je me dis que je pouvais peut-être croire en moi. 

Mi-2019 je revis ma famille étendue, leur compréhension à l’égard de ma décision concernant ma mère me libéra un peu. Je n’arrivais plus à aller en thérapie : j’éprouvais une sorte de résistance que je voulais respecter et j’avais des problèmes d’argent. Pendant six mois je fis une pause. Prise par mon job et mes études, j’avais peu de temps pour ma vie sociale, mes résultats scolaires n’étaient pas bons et je flottais dans une sorte de vide. Je rappelai Charlotte en janvier 2020. Peu à peu, j’allais apprendre à ne plus me poser en victime, à prendre la responsabilité de mon vécu, à conscientiser mes ressentis, mes besoins et à les exprimer. Je compris qu’il ne tenait qu’à moi de me rendre heureuse et que j’avais le droit de vivre et ne devais rien à personne. Lors du premier confinement, j’eus un total break down et j’arrêtai mes études en cours d’année. Cela me fit le plus grand bien. Un long temps de pause… durant lequel, sur les conseils de Charlotte, je passai un bilan diagnostic d’autisme, lequel fut validé. 

Pendant l’été, je tombai amoureuse. Je compris qu’une relation saine à un homme était possible. Cette relation répare beaucoup en moi et me rend fière. Avant, je me plongeais et m’oubliais dans l’autre, maintenant je peux exister à côté et avec lui. Je suis heureuse comme jamais. Nous avons emménagé ensemble et vivons une belle aventure de partage, de tendresse et de communication.

J’ai repris des études dans un secteur qui me plaît et où je m’épanouis. J’ai trouvé un emploi intéressant, je suis dans un environnement sécurisant et je me sens bien avec moi-même. Je dors mieux, ne fais presque plus de crises d’angoisses et j’arrive enfin à respirer, littéralement. Je suis en mesure de profiter de ce que la vie a à m’offrir et de me sentir plus solide pour affronter les difficultés qui peuvent surgir.

Je suis très reconnaissante et fière du chemin parcouru. Pour autant, je pense un jour reprendre la thérapie pour continuer à travailler sur ma relation à la mère, car quand je m’imagine enceinte d’une petite fille, j’ai un sentiment de haine qui remonte. Je crains d’avoir du mal à donner à « un miroir de moi » ce que je n’ai pas eu. Or, j’ai envie d’avoir des enfants ! »

Lucille, 23 ans

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